Charlotte Cayeux
What is freedom, with what image would you describe it?
L’image la plus évidente pour moi est celle d’un horizon ouvert, des images de ciel, de mer qui évoquent la possibilité du voyage, de la traversée. Les prisonniers souffrent beaucoup, physiquement, d’avoir le regard perpétuellement arrêté par des murs ou des barreaux, et de vivre perpétuellement dans un espace confiné. Mais la liberté ce n’est pas seulement la liberté de se mouvoir, c’est aussi avoir des perspectives, avoir la liberté de se projeter dans le futur et pouvoir décider de sa vie. Il existe quelques prisons en bord de mer et « sans murs », comme Casabianda en Corse ou des prisons plus « ouvertes » dans des pays nordiques : mais le cadre ne fait pas tout, même dans le paysage le plus beau et même si son périmètre pour se déplacer est beaucoup plus large, un prisonnier reste prisonnier, il reste contraint et sa vie déterminée par d’autres. C’est pour ça que les horizons de mon film prennent un sens plus métaphorique aussi, associés à la lecture des lettres d’un détenu qui du fond de sa cellule essaie malgré tout de rester dans la vie, dans des projets, dans un désir du monde extérieur.
The most obvious image for me is that of an open horizon, images of sky and sea that evoke the possibility of travel, of a journey. Prisoners suffer a lot, physically, from having their view perpetually blocked by walls or bars, and from living perpetually in a confined space. But freedom is not only the freedom to move, it is also the freedom to have perspectives, to have the freedom to imagine the future and to be able to decide on the course of one’s life. There are some “wallless” prisons by the sea, such as Casabianda in Corsica or more “open” prisons in the Nordic countries: but the setting is not everything, even in the most beautiful landscape and even with a broader perimeter to move around in, a prisoner remains a prisoner, remains constrained, living a life determined by others. That’s why the horizons in my film also take on a more metaphorical meaning, associated with the reading of the letters of a prisoner who, from the depths of his cell, tries in spite of everything to remain connected to life, to projects, to a desire for the outside world.
In your film Nos Horizons there is a strong desire to live, to film desire, to touch hope, how did you plan the film?
J’ai eu l’idée de ce film alors que mon amoureux était incarcéré depuis plusieurs mois et pour une durée initiale de trois ans. C’était très dur à vivre, et pas évident de maintenir une relation dans ces conditions. Mais en dehors des parloirs, toujours très frustrants, on s’écrivait beaucoup et je trouvais ses lettres belles et émouvantes, j’ai pensé qu’elles pourraient faire l’objet d’un film et témoigner de la prison, avec d’autant plus de force que ce sont des lettres très intimes. J’ai eu assez vite l’idée d’associer ces lettres à des images de mer, d’horizons, pour les raisons évoquées ci-dessus et jouer sur le contraste, et parce que le désir de voir la mer et pouvoir à nouveau contempler des horizons à perte de vue revenait dans plusieurs lettres d’Ahmed. Le film a été réalisé après qu’il soit sorti, mais je crois que pour moi ce film restait une manière de lutter contre la prison.
I had the idea for this film when my boyfriend had been in prison for several months, for an initial sentence of three years. It was a very hard situation, and not easy to maintain a relationship in those conditions. But apart from the visiting rooms, which were always very frustrating, we wrote to each other a lot and I found his letters beautiful and moving. I thought that they could be the subject of a film and give an account of life in prison, all the more so because they are very intimate letters. I quickly had the idea of associating these letters with images of the sea, of horizons, for the reasons mentioned above and in order to create contrast, and also because the desire to see the sea and to once more be able to contemplate horizons as far as the eye can see came up in several of Ahmed’s letters. The film was made after he was released, but I think for me this film remained a way of fighting against prison.
The reading of the letters marks the rhythm and time of each sequence, creating its own space, a personal look, a unique cinema. What experience or sensation were you looking to create in the viewer?
J’imaginais un rythme lent et des plans suffisamment longs pour que le spectateur se laisse entrainer dans une forme de contemplation et de disponibilité à l’écoute de ces lettres. Je voulais que les images soient assez neutres, sans symboles trop appuyés, que les correspondances entre les images et le texte se fassent de manière plus musicale que didactique. D’ailleurs je pense que toute l’ambiance sonore, entièrement créée en post-production, est aussi très importante dans le film. J’imaginais un film sensoriel et rythmique pour que le spectateur puisse percevoir le passage du temps du point de vue du prisonnier (et de son amie qui l’attend à l’extérieur) de manière très physique, alors que les paysages filmés le renvoient à des expériences et sensations communes. Qu’il puisse de cette façon ressentir l’enfermement, l’éloignement, le temps qui passe et l’incertitude de l’avenir, toutes les émotions qui traversent le prisonnier et dans lesquelles on peut tous se projeter, notamment à travers l’expérience des confinements liés à la pandémie de covid qui est survenue pendant l’incarcération d’Ahmed et pendant lesquels tout le monde s’est senti un peu « en prison » (toutes proportions gardées évidemment !), mais beaucoup plus fondamentalement aussi.
I imagined a slow rhythm and sufficiently long shots for the viewer to be drawn into a form of contemplation and a state of receptivity to the letters. I wanted the images to be fairly neutral, without too many symbols, and for the correspondences between the images and the text to be more poetic than didactic. Moreover, I think that the acoustic atmosphere, created entirely in post-production, is also very important in the film. I imagined a sensory and rhythmic film so that the viewer could perceive the passage of time from the point of view of the prisoner (and his friend who is waiting for him on the outside) in a very physical way, while the landscapes on screen remind the viewer of experiences and sensations we have all had. In this way feel the viewer can experience the confinement, the distance, the passing of time and the uncertainty of the future; all the emotions of the prisoner. These are emotions which we can all relate to, particularly since the covid lockdowns, which occurred at the same time Ahmed’s incarceration, when everyone felt a little bit like they were in prison (relatively speaking, of course!), but I wanted viewers to feel them in a much more profound way
How was the creation of the character of the prisoner of Fresnes, and of that intimacy that is generated with him knowing his intimate thoughts?
Bien sûr il y a eu un gros travail de sélection des lettres ou des passages de lettres que je voulais utiliser, de façon à mettre en valeur certains thèmes, quatre en particulier : la relation amoureuse surtout et son évolution au fil des lettres, tout ce qui a trait à la vie quotidienne en prison, tout ce qui a trait aux projets artistiques d’Ahmed et son rapport à la création, et puis la pandémie et ce qu’elle a entrainé comme changements dans le quotidien en prison et à l’extérieur.
À partir du moment où Ahmed a accepté que je fasse ce film, il m’a laissé entièrement carte blanche, il ne m’a demandé de supprimer aucun passage. J’ai enlevé ce qui était trop « private joke » ou difficile à comprendre hors contexte, et j’ai gardé les réflexions les plus intimes et personnelles parce que je pense qu’on touche souvent au plus universel par le plus intime et que c’était ça qui était fort et touchant. Mais j’ai gardé aussi des passages très factuels et concrets quand ils donnaient une idée plus précise de la vie carcérale.
Of course there was a lot of work in selecting the letters or passages of letters that I wanted to use, in order to highlight certain themes, four in particular: the love relationship above all and its evolution over the course of the letters; daily life in prison; Ahmed’s artistic projects and his relationship with creativity; and then the pandemic and the changes it brought about in daily life both in prison and outside. From the moment Ahmed agreed to let me make this film, he gave me complete carte blanche, he didn’t ask me to remove any part. I removed anything that was too much of a private joke or too difficult to understand out of context, and I kept the most intimate and personal reflections because I think that we can often touch on the universal through the most intimate parts of ourselves, and those were the passages that were the most powerful and moving. But I also kept very factual and concrete passages when they gave a more precise idea of prison life.
How was the planning of the shots in which there are people in the image, is there an actor in any sequence? What instructions did you give them?
Pour ça je laisse la parole à mon chef opérateur Gurvan Hue, qui a filmé tous les plans entre deux confinements. Je voulais des images de mer et pas n’importe quelle mer, celle de Bretagne, et ça tombait bien parce que Gurvan vit en Bretagne, moi à Paris, et on était en pleine période covid, aussi on a décidé de procéder comme le film, par correspondance : on a échangé des mails où je lui expliquais le type d’images que j’imaginais et mes intentions, et à partir de ça je l’ai laissé très libre de me faire aussi d’autres propositions. Je sais que tous les plans avec des personnes ont été improvisés. Pour le dernier plan du film, il a demandé à une jeune femme inconnue qu’il avait croisée assise face à la mer, si elle accepterait d’être filmée : de dos elle me ressemblait et il a pensé que ça pourrait faire un beau plan de fin et pour les gens qui me connaissent ça fonctionne très bien, tout le monde croit que c’est moi ! Même sans me connaître on identifie je pense cette jeune femme à la lectrice des lettres. Je trouvais beau entre tous les plans d’espaces vides, d’apercevoir de temps en temps une silhouette humaine, mais toujours à distance.
Gurvan Hue : Il n’y a aucun acteur dans le film, toutes les images sont documentaires au sens plein du terme. Ce sont des longs temps d’attente et de repérages qui ont permis de trouver ces moments et ces personnes au bon endroit et à la mesure des plans recherchés, comme des micro-événements dans l’immensité. Il y a deux exceptions cependant : le plan de fin comme le décrit Charlotte pour lequel j’ai demandé à la jeune femme l’autorisation de la filmer sans lui donner plus d’instructions, nous avons juste discuté du projet de film et je l’ai laissée être empreinte de cette humeur. La deuxième exception est l’enfant qui danse sur la plateforme du bunker face à la mer : il s’agit de mon filleul qui m’avait montré très enthousiaste ses débuts de danseur hip-hop. J’ai profité d’un week-end avec ses parents dans ce lieu que je connais bien et qui résonnait pour moi avec les lettres que m’envoyait Charlotte.
I’ll leave this question to my cinematographer Gurvan Hue, who filmed all the shots between two lockdowns. I wanted images of the sea, and not just any sea, but the sea of Brittany, and by happy coincidence Gurvan lives in Brittany, I live in Paris, and we were in the middle of the pandemic, so we decided to work in the same way as the film: by correspondence. We exchanged emails in which I explained to him the type of images I imagined and my intentions, and then left him plenty of freedom to work on that basis. I know that all the shots with people were improvised. For the last shot of the film, he asked a stranger, a young woman he had met sitting facing the sea if she would agree to be filmed: from behind she looked like me and he thought it would make a nice ending shot and for people who know me it works very well, everyone thinks it’s me! Even without knowing me people identify this young woman with the reader of the letters. I thought it was beautiful that, between all the shots of empty spaces, from time to time a human silhouette could be seen, but always from a distance.
Gurvan Hue: There are no actors in the film, all the images are documentary in the full sense of the word. It took lots of waiting and location scouting to capture these moments and people in the right place, and at the right scale for the shots we were looking for: small instants against vast backdrops. There are two exceptions though: the ending shot as described by Charlotte for which I asked the young woman for permission to film her without giving her further instructions, we just discussed project and I simply let her be affected by mood of the film. The second exception is the child dancing on the roof of the bunker facing the sea: that’s my godson who was showing me his new hip-hop dance moves with great enthusiasm. I took the opportunity to spend a weekend with his parents while on location. It’s a spot that I know well and that resonated for me with the letters that Charlotte sent me.
The filming of empty spaces stirs the imagination of seeing the characters in the image like the last sequence of Antonioni’s L’Avventura (1960). Did you have a movie or a director as a reference in the making of the movie?
News from home de Chantal Akerman ! J’avais en tête ce film de cette réalisatrice que j’adore quand j’ai pensé au dispositif de mon film. Le contexte est très différent mais le dispositif un peu similaire : Chantal Akerman lit des lettres que lui écrit sa mère de Belgique alors qu’elle est partie vivre aux Etats-Unis, et on entend cette voix off récitée sur des plans de la ville. Mais dans le film d’Akerman le contenu des lettres passe vite au second plan, parfois la voix est couverte par les bruits de la ville, alors que dans Nos Horizons je voulais qu’on soit très concentré sur le contenu des lettres et qu’elles restent en tout cas audibles.
News from home by Chantal Akerman! I love this director and I had that film in mind when I thought of the set-up for my film. The context is very different but the device is somewhat similar: Chantal Akerman reads letters written to her by her mother from Belgium when she went to live in the United States, and the voice-over is set to shots of the city. But in Akerman’s film the content of the letters quickly fades into the background, sometimes the voice is covered by the sounds of the city, whereas in Nos Horizons I wanted us to be very focused on the content of the letters and for them to remain always audible
How was the selection of filming spaces? What meaning would you give to places where fog prevails? How did you film the sequence with the flock of birds?
Globalement on imaginait une certaine progression avec Gurvan, de commencer avec des images assez grises et brumeuses, pour aller à la fin du film vers des images un peu plus ensoleillées à mesure qu’on se rapproche de la perspective d’une libération. On cherchait aussi une certaine ambivalence dans les plans, à la fois larges et ouverts, mais avec des éléments qui parfois bloquent l’horizon, ou qui rappellent l’univers carcéral, comme les bunkers, les graffiti et cette tonalité grise. Le côté brumeux correspond bien à la mélancolie du personnage et de ses envies d’ailleurs.
Gurvan Hue : Pour ce film, Charlotte avec qui je collabore depuis longtemps, m’a fait une grande confiance et nous avons travaillé comme le projet nous y invitait, par correspondance. Pour chaque sélection de lettres, je partais à la recherche de lieux avec une humeur en tête, en attendant parfois de longs jours une météo propice. J’ai sillonné la côté Finistérienne dont toutes les images proviennent. J’ai tout filmé avec ma vieille caméra EX1 au petit capteur vidéo, mais dont je connais bien les possibilités colorimétriques. Les capacités « limitées » de cette caméra (moins de définition, un peu plus de montée en bruit) offrait la possibilité de trouver quelque chose d’une matière picturale plus proche de la peinture mélancolique du 19ème siècle (Friedrich, Turner, Constable). Il me paraissait important aussi de garder une modestie de l’outil face à ces paysages grandioses, de rester sur trépied et de raccrocher à un récit intime.
Pour la scène avec les oiseaux, cela a été un merveilleux hasard. Je m’étais levé très tôt pour essayer de filmer une lune rouge assez grosse dans le ciel ce matin-là. Mais j’étais très frustré de ne pas trouver l’endroit qui me convienne, qui ne soit pas carte postale, qui nous provoque quelque chose. Alors que je roulais à la recherche d’en endroit propice, j’ai aperçu au loin ce curieux manège et c’est allé très vite. Garé en warning au bord de la route, les pieds dans les orties, je me suis enfoncé dans un champ en jachère pour avoir cet avant-plan sombre dans lequel pouvainet « disparaître » les oiseaux. Je les ai simplement laissés nous offrir ce ballet incroyable, après avoir repéré des entrées et sorties de champ pour essayer d’avoir ce sentiment mêlé de liberté et de fragilité.
Overall, Gurvan and I imagined a certain progression, starting with rather grey and foggy images, and moving towards sunnier images at the end of the film as we get closer to the prospect of freedom. We were also looking for a certain ambivalence in the shots, which are wide and open, but have elements that sometimes block the horizon, or remind us of the prison world, like the bunkers, the graffiti and the grey tones.
Gurvan Hue: Charlotte and I have been working together for a long time. For this film, she gave me a lot of leeway. We worked by correspondence, which made sense for the project. For each selection of letters, I went in search of places with a mood in mind, sometimes waiting for long days for the weather to be right. I traipsed up and down the Finistère coast where all the shots were filmed. I filmed everything with my old EX1 camera. It has a small image sensor, but I know how to get the best out of its capacities to capture colour and light. The “limitations” of this camera (less definition, a little more noise) opened up the possibility of creating images with something of the melancholic tones of a 19th century painting (Friedrich, Turner, Constable). It also seemed important to me film these grandiose landscapes simply, using basic equipment: to leave the camera on the tripod let the intimate narrative speak for itself. The scene with the birds was a wonderful stroke of luck. I got up very early to try and shoot a big red moon in the sky that morning. But I was very frustrated that I couldn’t find the right location: one that was striking, but didn’t look like a postcard. As I was driving around looking for a suitable spot, I spotted this strange swirl in the distance and then it all happened very fast. I parked the car at the side of the road, put my warning lights on, and ran into an empty field up to my ankles in nettles so I could get that dark foreground in which the birds seem to disappear. I framed the shot so that the birds flew in an out of it, to try to capture a mixed feeling of freedom and fragility. Then I simply let the birds show us this incredible ballet.
You have written the novel “L’autre Ahmed ou L’attente”, how has been the experience of being a writer?
J’ai écrit ce roman autobiographique avant de faire le film, quand Ahmed était encore en prison, et d’ailleurs je l’évoque dedans à l’état de projet. Je voulais parler de la prison de mon point de vue de compagne de prisonnier, mais aussi évoquer la maladie psychique qui l’a conduit en prison. J’aime écrire autant que réaliser alors j’ai eu envie d’aborder cette expérience par les moyens de la littérature et du cinéma. C’est un roman que j’ai écrit assez vite, pendant le premier confinement en France, avec l’urgence de témoigner et le plaisir de raconter malgré tout d’une façon « romanesque ».
I wrote this autobiographical novel before making the film, when Ahmed was still in prison, and in fact, I mention the idea for it in the film. I wanted to talk about prison from my point of view as a prisoner’s partner, and also talk about the psychological illness that led him to prison. I like writing as much as directing, so I wanted to approach this experience through literature and film. I wrote the novel quite quickly, during the first confinement in France, with the urgency of bearing witness and the pleasure of telling the story in a “novelistic” way.
How do you see the current situation of cinema in France and of new avant-garde directors, with a desire to experiment, independent like you?
Je crois que la France est un des pays où le cinéma est le mieux financé, pourtant ça devient de plus en plus difficile ici aussi d’obtenir des financements même ou surtout pour les courts métrages, d’autant plus pour des projets un peu en dehors des clous. Il faut beaucoup de patience et pour Nos Horizons j’ai voulu retourner à l’autoproduction et le faire de manière plus artisanale et plus libre, et surtout plus rapide. Mais le dispositif s’y prêtait et ça n’est pas toujours le cas… Je pense que la situation en France est à la fois foisonnante parce qu’il y a beaucoup de projets et d’envies, mais aussi un peu sclérosée car peu de place pour les projets plus risqués ou plus expérimentaux, et des délais souvent très longs si l’on passe par les financements institutionnels.
I believe that France is one of the countries where cinema is best financed, yet it is becoming more and more difficult here too to obtain funding, even or especially, for short films, and even more so for projects that are a little outside the box. You need a lot of patience and for Nos Horizons I wanted to go back to self-production, do it in a more free, DIY way, and above all move more quickly. This project lent itself to that approach, but that’s not the case for all projects… I think that the industry in France is both overflowing with projects and ideas, but also somewhat stagnant because there is little room for riskier, more experimental projects, and it can take a very long time to obtain institutional funding.